Les de la mission MER entament tant bien que mal leur cinquième année sur Mars. Une prouesse technique sans
précédent dans l'histoire de l'exploration robotique de la planète rouge qui a permis un retour scientifique significatif.
Ces rovers sont identiques et embarquent la même charge utile de 7 instruments scientifiques. Bien que conçus pour opérer trois mois à la surface de Mars et se balader environ 1 km autour de leur
site d'atterrissage, Spirit et Opportunity fonctionnent, on va le voir bien au-delà des espérances les plus optimistes des scientifiques.
Cette longévité a considérablement renforcé le retour scientifique de la mission. Spirit et Opportunity sont à l'origine de résultats importants sur la question de l'eau, réussissant à démontrer
son existence dans le passé de la planète, en analysant ses effets sur certaines roches et autres dispositifs géologiques .
Spirit
Spirit a été lancé le 30 mai 2003 et s'est posé sans encombre le 4 janvier 2004 à l'intérieur du cratère Gusev, à 15 degrés Sud de l'équateur de Mars. D'un diamètre d'environ 165 km, ce cratère a
probablement été formé il y a trois à quatre milliards d'années quand un astéroïde géant s'est écrasé au sud de l'équateur de Mars.
Découvertes
Petite déception à l'atterrissage, Spirit ne rencontre que du basalte. Déception rapidement levée car des indices vont montrer que ce basalte a été altéré par de l'eau. Le rover a également analysé
de nombreux affleurements rocheux. Un de ces affleurements est apparu avec des strates faites de brèches aux extrémités arrondies ce qui signifie que les pierres qui se sont agglomérées ont été
roulées par de l'eau ou dans du matériel boueux.
Spirit se trouve Home Plate et se prépare à affronter son troisième hiver martien Le rover va hiberner car le Soleil sera trop bas pour faire fonctionner ses panneaux solaires de façon
nominale.
Opportunity
Quant à Opportunity, il a quitté la Terre le 25 juin 2003 et s'est posé le 25 janvier 2004 dans Meridiani Planum, près d'un affleurement rocheux. Meridiani Planum est une plaine désertique au
relief peu prononcé et renfermant une forte concentration d'oxyde de fer située à 2 degrés Sud de l'équateur. Des études orbitales ont montré que ce site était riche en hématite, un minéral
suggérant la présence d'eau liquide passée.
Que d'eau !
Opportunity a découvert des strates obliques. A priori rien de bien passionnant sauf que pour les spécialistes de la chose, ses stratifications ne peuvent se former que sous un courant d'eau !
Mieux encore, le rover a découvert des milliers de petites billes, rapidement baptisées 'myrtille' en raison de leur couleur bleutée. Très riches en oxyde de fer, leur équivalente sur Terre sont
dans 90 % des cas d'origine bactérienne ! Mais, ces concrétions ferreuses peuvent avoir aussi d'autres origines. A suivre donc.
Opportunity a également étudié des roches, qui vues de dessus présentent un réseau de fentes polygonales, comme une argile qui se rétracte. Sur Terre ces fentes de rétractions se font en général
par dessiccation !
Dernier indice montrant que l'eau a bel et bien coulé dans cette région, l'existence de strates 'festonnées'. Sur Terre, de tels festons, symétriques, indiquent que la boue s'est déposée dans de
l'eau clapotante, sous une profondeur d'eau de quelques cm.
Opportunity se trouve toujours à l'intérieur Victoria, un cratère qu'il a atteint en octobre 2006. Ce cratère est le site le plus intéressant jamais croisé par le rover pour étudier le passé
géologique de la planète. Les scientifiques ont identifié une bande rocheuse plus brillante que le reste du site et qui semble être antérieure à l'impact qui a formé ce cratère. L'analyse des
roches qui la composent peut fournir des indices sur les conditions climatiques et géologiques de la planète avant la chute du bolide.
Longévité exceptionnelle
Les 2 rovers se sont déplacés 20 fois plus loin que ce que les scientifiques attendaient. Au 1er janvier 2007, Spirit avait parcouru 7,5 km et Opportunity 11,5 km. Les 2 petits robots ont retourné
sur Terre plus de 100.000 images chacun.
Cette longévité s'explique en partie par la qualité des équipements qui résistent mieux que prévu aux contraintes du climat martien, par le soin que prennent les ingénieurs du JPL à tracer les
routes des rovers mais surtout par les incessants Dust devils, ces tourbillons de sable qui surviennent ici et là et dont les vents qui les accompagnent débarrassent littéralement le rover des
poussières qui s'accumulent notamment sur ses panneaux solaires.
Ce que craignait le plus la NASA pour leur durée de vie c'était l'atterrissage et leur comportement pendant les tempêtes de poussières qui les exposaient également à de longue période avec une
illumination solaire réduite.
5 ans après leur atterrissage, force est de constater qu'ils ont parfaitement enduré 2 hivers martiens. Ils peuvent donc durer très longtemps, jusqu'à ce qu'un élément vital tombe en panne, ce qui
n'est absolument pas prévisible. D'ailleurs, la NASA ne se risque à aucun pronostique.
Si tel n'est pas le cas, ils vont mourir de vieillesse ! vraisemblablement lorsque leurs batteries perdront de leur capacité. Ils continueront alors à fonctionner en mode dégradé pendant quelque
temps.
Source:flashespace