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Jouer en ligne à Fortnite entre Mars et la Terre ?

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Internet ? Mieux, l’InterPlaNet

Heureusement, en prévision de notre future entreprise de colonisation spatiale, quelqu’un s’attelle depuis vingt ans à développer des solutions viables pour pouvoir offrir aux colons martiens la 28saison de Westworld en direct du volcan Arsia Mons. Cet homme, c’est Vint Cerf, le type à l’origine du protocole TCP/IP — la clé de voûte des échanges d’informations modernes — à la fin des années 70, devenu évangéliste des Internets en chef chez Google.

Sa solution, développée en partenariat avec la Nasa et l’Internet Society, est le Disruption Tolerant Networking (Réseau tolérant aux délais, DTN) : un système de transmission de données capable d’absorber les impondérables de l’espace. Comment ? En remplaçant la traditionnelle adresse IP par le Bundle Protocol (BP,) qui stocke les données en paquets lorsque la liaison est coupée entre les deux appareils, puis les renvoie lorsque le lien est rétabli.

Dans cette configuration, les paquets voyagent de satellite en satellite, en attendant gentiment dans chaque relais lorsque la liaison est coupée. Pour que ce système fonctionne, il faut néanmoins fragmenter le système solaire en « régions », des zones de l’espace dans lesquelles les caractéristiques de communication sont similaires. Dans le futur envisagé par Vint Cerf, dans lequel l’Homme a conquis le système solaire, chaque région dispose de son propre réseau et des protocoles spécialisés permettent de transférer l’information d’un réseau à un autre, à la manière d’un archipel. Et voilà comment on obtient l’Inter Planetary Internet, ou InterPlaNet.

De l’ADSL à la fibre spatiale

Et ce qu’il y a de plus beau, c’est que ça fonctionne déjà. En 2008, le protocole DTN est utilisé pour transférer des photos depuis le satellite britannique UK-DMC. La même année, le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa prolonge l’expérimentation en faisant communiquer 9 « nœuds », situés sur Terre, avec la sonde Deep Impact, située à 32 millions de kilomètres de là.

En 2009, le protocole DTN intègre la Station spatiale internationale (ISS), toujours avec succès. Sur Mars, les rovers Spirit, Opportunity, Curiosity et l’atterrisseur Phoenix utilisent tous cette technologie pour transmettre leurs données à la Terre. En 2012, enfin, l’astronaute Sunita Williams, alors commandant de l’ISS, contrôle un robot Lego situé au Centre européen d’opérations spatiales de l’Agence spatiale européenne (ESA), à Darmstadt (Allemagne), grâce à ce nouvel Internet.

Et l’agence spatiale américaine a déjà prévu la prochaine étape : après avoir développé l’ADSL, il faut désormais installer la fibre dans l’espace. En 2017, elle dévoilait le Laser Communications Relay Demonstration (LCRD), un système de relais de transmission de données par laser 10 à 100 fois plus rapide que l’actuelle communication par radio-fréquences. Un premier test en orbite des futurs modems laser est prévu pour l’été 2019.

En 2021, le premier terminal LCRD devrait être installée à bord de l’ISS pour des tests avec la Terre, avant une généralisation à tous les vaisseaux et sondes d’exploration prévus par l’agence en cas de succès. A ce rythme, plus personne n’hésitera à signer pour un aller simple vers les colonies martiennes : oui, ne vous inquiétez pas, vous pourrez jouer tranquillement à Fortnite sous vos dômes géodésiques. Dites merci à Vint Cerf et à la Nasa.