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ENCELADE A LE FEU AU SUD

ENCELADE A LE FEU AU SUD

Lundi, 13 mars 2017

Au cours de la dernière décennie, la mission internationale de Cassini a révélé une intense activité au Pôle Sud de la lune glaciale de Saturne, Encelade, avec des fractures chaudes qui dégagent des jets riches en eau qui font allusion à une mer souterraine. Une nouvelle étude internationale, pilotée par des scientifiques du Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales1 et comprenant des chercheurs du LESIA2 et du Laboratoire de planétologie géodynamique de Nantes3 , basée sur des observations par micro-ondes de cette région, montre que la lune est plus chaude que prévu juste quelques mètres sous sa surface glacée. Ces résultats ont été publiés dans Nature Astronomy, le 13 mars 2017.

Encelade, petite lune de Saturne, est l’un des corps les plus actifs du système solaire. En 2005, la sonde Cassini capturait pour la première fois en images des panaches s’échappant du Pôle Sud, de quatre failles profondes, anormalement chaudes d’après la caméra infrarouge de Cassini et informellement baptisées « rayures du tigre ».


"Rayures du tigre au Pôle Sud d'Encelade". La région étudiée est indiquée par la bande de couleur. Crédit : NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute

Ces jets de matière (composés essentiellement de glace d’eau mais aussi de traces de sels de sodium) ont vraisemblablement pour source un réservoir d’eau liquide souterrain que les frictions de marée exercées par Saturne empêcheraient de geler. Toutes les conditions favorables à la vie telle que nous la connaissons pourraient être réunies au niveau du plancher de cet océan et c’est la raison pour laquelle Encelade fait l’objet d’une attention si particulière. Il y a encore quelques mois, on pensait l’océan liquide d’Encelade enfoui sous plusieurs dizaines de kilomètres de glace. Cependant en juin dernier4 une étude menée en collaboration entre Laboratoire de Planétologie et de Géodynamique de Nantes et l’Université de Prague avançait pour la première fois l’idée d’une couche de glace fine au niveau du Pôle Sud. 

Depuis le 13 mars 2017 avec la publication dans Nature Astronomy 5  l’analyse d’une des rares observations micro-onde d’Encelade apporte de nouveaux arguments en faveur de cette hypothèse. Cette observation effectuée par le Radar/radiomètre de Cassini a, en effet, révélé des anomalies thermiques qui n’avaient pas été décelées jusque-ici dans l’infrarouge et suggère que les premiers mètres du sous-sol de tout le Pôle Sud d’Encelade (et non seulement les « rayures du tigre ») sont anormalement chauds, renforçant l’idée que l’océan liquide ne pourrait être qu’à quelques kilomètres sous la surface gelée du satellite dans cette région. 

L’observation micro-onde d’Encelade implique, en outre, que d’autres failles du Pôle Sud sont actives (ou l’étaient dans un passé très "récent") même si elles ne sont pas actuellement sources de jets.

Contact scientifique : 

Alice Le Gall, LATMOS, Université Versailles Saint-Quentin (UVSQ), alice.legall@latmos.ipsl.fr, 01 80 28 52 35

Note(s): 

1-Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales, LATMOS (CNRS/Université Pierre et Marie Curie, Université Versailles-Saint Quentin)

2-Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique, LESIA (CNRS/Observatoire de Paris, Université Paris-Diderot/Université Pierre et Marie Curie)

3-Laboratoire de planétologie géodynamique de Nante, LPG (CNRS/Université de Nantes/Université d’Angers) 

4-Lire le communiqué de presse du CNRS-INSU "Un océan à seulement quelques kilomètres sous la surface glacée d'Encelade"

5-"Thermally anomalous features in the subsurface of Enceladus’s south polar terrain"Nature astronomy, 0063, 13 mars 2017